Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 07 : « Remords (2) »

Il ne sut que répondre, ignorant même quelle réaction serait à la hauteur d’une telle apparition. Méhala, LA Méhala, celle — celui — qui fut son premier véritable amour, le symbole de son enfance, puis de son adolescence presque insouciante, jusqu’à ce terrible jour. Sa voix rappelait étrangement celle de Fabio, ou était-ce l’inverse ? Elle coupa court à ses pérégrinations :
Au lieu de te perdre dans tes pensées, comme toujours, n’es-tu pas curieux de découvrir ce qu’il se passe dans cette grange ?
Heu... oui, si tu veux ?
Donne-moi la main, j’en ai besoin.
Elle tremblait un peu, exactement comme l’émotive Méhala qui se dissimulait alors derrière une façade rebelle. Et ce fut aussi innocemment que n’importe quel couple que le duo remonta la prairie, foulant l’herbe haute que les troupeaux n’avaient pas encore broutée. La jeune fille chuchotait à son oreille, le complimentait sur sa prestance ou sa taille, tenant un discours à l’opposé de celui, humiliant, que son demi-frère lui avait asséné un peu plus tôt. La voix flutée de Méhala laissait parfois apparaitre des accents Nordistes, ajoutés à sa gaité naturelle, Angilbe retrouva bien vite les raisons l’ayant fait fondre, à l’époque. Elle sautillait presque pour tenter de rester à sa hauteur, le vieil homme ralentit la cadence qu’une vie passée dans l’armée avait forgée en lui.
Oui, une vie... une autre vie, sans Méhala. Pourrait-il tout recommencer ? Ce serait bien étrange que Calande ou Heir organisent pour lui une nouvelle existence heureuse.
Et pourquoi pas, interrogea nonchalamment la jeune femme ? Nous sommes dans ton esprit, là où rien ne peut t’atteindre. Et si ton calvaire était de vivre une réalité inédite où tout serait différent ?
Méhala... il chercha la tournure idéale pour exprimer sa pensée, mais ne la trouva pas. Tu n’es qu’une illusion projetée par Calande ou peut-être même es-tu Calande ?
Le chancelier s’était arrêté, fixant sa voisine à la recherche de la moindre faille, du moindre détail corroborant sa théorie. La brise reprit, faisant glisser une mèche ondulée sur le petit nez en trompette. Par réflexe, Angilbe lui passa son doigt sur le front pour dégager les magnifiques yeux dans lesquels il se retenait de plonger. Comment se retrouva-t-il à l’embrasser ? Il n’en savait rien sinon que la passion le débordait tel un fleuve lors d’une crue d’été. Elle emportait tout, déracinait ses certitudes, arrachait ses doutes et submergeait ses derniers principes, jaillissant du plus profond de sa mémoire, là où l’espoir et la vie existaient loin de son cancer...
Il s’écarta d’elle imperceptiblement, l’ombre de la mort lente s’immisçant dans leurs fraiches retrouvailles. Cela ne sembla pas bouleverser Méhala outre mesure :
Si je ne suis qu’un souvenir, alors m’éteindre avec toi serait le plus beau cadeau, mon amour.

C’est une manière de voir...
Bien. On s’approche de nos tourtereaux dans la grange ? Tu désirais les espionner discrètement, je crois ?
Oui ! Dépêchons-nous, les hommes n’ont pas une endurance infinie, je m’en voudrais de rater cela !
Et, sans lui laisser l’opportunité de répondre, elle l’entraina par la main vers la vieille bâtisse. Plus ils s’approchaient, plus les sons se faisaient précis, s’agrémentant d’autres bruits de choses tombantes ou vibrantes sous les saccades des corps au contact. Méhala ralentit l’allure au fur et à mesure, allant jusqu’à se courber légèrement et intimer à Pofeus de faire de même, comme si cela pouvait cacher leur présence. Depuis les interstices séparants les planches de la paroi, on pouvait déjà les apercevoir. Lui, en chemise, ahanait sur elle, plaqué contre la botte de foin, la croupe levée, partageant inlassablement leur plaisir sous les à-coups. À leurs pieds, plusieurs pots de peinture et quelques vêtements dont une blouse qui rappela quelque chose à Pofeus. Il s’appuya sur une poutre à peu près solide pour mieux détailler celui en action. Les muscles saillants, mais d’une certaine maigreur, et une chevelure noire mi-longue qui reflétait quelques traits de lumière. D’elle, on ne devinait principalement que la crinière rousse et... ondulée.
« Mais c’est nous ! » murmura-t-il surprit. À peine venait-il de prononcer cela que les deux mains de sa voisine lui entourèrent les hanches, glissant vers l’avant de son bassin. Calande souffla à son oreille :
Moi, ça me donne des idées. Déshabille-toi, maintenant, je vais te prendre.
Mé... Méhala ?
J’ai envie de me sentir en toi, répondit la voix de la jeune fille. Je veux que tu les regardes pendant que nous savourons le même plaisir.
Avec toute la dextérité que les mois passés ensemble lui avaient prodiguée, Méhala déboutonna le pantalon de Pofeus et se saisit de l’organe viril, le remuant lentement en un mouvement de va-et-vient. Le geste produisant l’effet, la houle chaude, brulante même, remonta de son ventre et accéléra les battements de son cœur, tendant son sexe à l’horizontale, puis à la verticale. La main peinait dorénavant à le tenir dans son intégralité qu’Angilbe entendit la braguette de Méhala descendre, la blouse tachée poussée négligemment sur le côté. Lorsque le phallus de sa compagne glissa dans le petit espace en haut de ses cuisses, il se crispa d’abord puis, lentement, on dira précautionneusement, le vieil homme se relâcha. Son anus usé ne se laissait pas facilement défaire, plus habitué à se serrer qu’à se détendre, mais elle savait s’y prendre. Méhala lui compressa les testicules avec expertise et, sous la brusque impulsion de plaisir, le corps d’Angilbe accepta le sexe étranger.
Ce fut lors de leur premier émoi que la transidentité de Méhala lui fut révélée. Elle la lui avait avouée à la dernière minute, comme lorsque l’on présente ce que l’on a de plus précieux à un ami, le plus intime des trésors que l’on dévoile enfin à une personne. Cela n’avait pas arrêté Angilbe, ses sentiments dépassaient de loin tous les préjugés ou l’homophobie de son père.
Non, cela ne l’avait pas arrêté à l’époque et cela ne l’arrêterait évidemment pas aujourd’hui.
Chaque chevauchée de « l’Angilbe jeune » se répercutait dans « l’Angilbe vieux », qui répondait en serrant les lèvres à chaque cri de « l’autre Méhala ». Les deux couples faisaient l’amour à l’unisson... le second duo mimait-il le premier dans une vaine tentative de rattraper un passé perdu ?
Je n’ai rien... à rattraper... moi, lâcha Méhala entre deux coups de boutoir.
Non... je le.. Le.. HA ! haaaaaa !
Sous l’intensité de son orgasme, il ne put retenir l’éternel râle de la jouissance animale qui ponctue ces moments de bonheur déchainés. Méhala hurla également, la tête dans son épaule, alors que son sexe s’élargissait soudain pour se répandre au fond du vieux fessier offert. Seules leurs respirations à tous deux marquèrent les poignées de secondes suivantes, l’autre couple venant fort heureusement de profiter pareillement de son union, ils avaient caché par leurs propres cris ceux du duo de voyeurs. Lentement, dans un mouvement synchronisé, ils se laissèrent glisser dans l’herbe, à genoux, terrassés par la puissance de leurs plaisirs réciproques. Le sexe de Méhala s’extirpa doucement de l’intimité d’Angilbe alors qu’elle se lovait contre son amant, repue et heureuse. Celui-ci reprenait son souffle, confirmant d’un coup d’œil rapide que les espionnés ne s’étaient rendu compte de rien.
Une nuée d’oiseaux s’envola soudain du chêne centenaire qui bordait le champ, suivi d’éclats de deux voix, l’une aigüe et plaintive, la seconde grave et furieuse. Après quelques secondes, ce furent de lourdes bottes que l’on entendit piétiner les mottes d’herbes, écraser les fleurs de pissenlits.
Non, pas ENCORE ça, murmura Angilbe en se redressant. Mais une main ferme le retint accroupi.
Lâche-moi, je refuse de laisser mon père nous détruire.. TE détruire !
Et ainsi faire preuve de ta première, et sans doute dernière, lâcheté ? fit une voix masculine. Cet homme rustre n’est pas ton VRAI père, mon fils.
Il se retourna et se figea devant le nouveau personnage apparu en face de lui. Il portait une belle barbe grisonnante, d’épais sourcils et une chevelure nouée en queue de cheval. Les petites pattes d’oies aux coins de ses yeux bleus riaient malgré le dramatique de la situation. Ce bras qui le maintenait, ganté d’un cuir souple bleu foncé aux boutons d’or, appartenait à un grand de ce monde qui surgissait lui aussi de son passé, un passé partagé avec l’humanité toute entière.
Les cris et les hurlements de douleur fusaient de la grange, alors que Méhala combattait sans espoir le soldat à la retraite et père adoptif d’Angilbe, qui la frappait sans retenue avec un manche de pioche. Malgré les coups sourds et les craquements d’os, celui-ci ne réagit pas plus qu’à l’époque devant ce spectacle. En fait, il ne pouvait pas détacher son regard de Magnam IV, dernier roi de MaterOne, son — vrai — père, qui exhibait au milieu du front un petit trou percé par la cartouche mortelle du chancelier, tirée quelques années plus tôt.

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SOUTENEZ REDUNIVERSE ! Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture : Gortozaran, TheDelta, CowboyE, Hadaria - Acteurs : Raoulito: narration, Pofeus: pof, Calande: coupie, MagnamIV : raoulito, Mehala :MyEve Derush/montage : Guilitane/Raoulito Musiques: VG, Ian, Cleptoporte, Pia

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